Peuplements de haut de l'Ile

 

La disparition progressive des marrons dès le début du XIXème siècle rend les hauts de l’île moins dangereux pour qui veut s’y aventurer. Mais c’est vers la seconde moitié du siècle qu’une réelle vague d’immigration va alors submerger les cirques de l’île.

En 1848, date fatidique pour l’île de l’abolition de l’esclavage, beaucoup de petits colons se retrouvent en quelques années complètement ruinés par la perte de leur main d’œuvre si bon marché. De plus, tous ces nouveaux affranchis qui refusent désormais le travail sur les grandes propriétés posent aussi un problème aux instances publiques. Les communes de Salazie et de Cilaos sont déjà bien développées, notamment grâce à leurs thermes. Celles-ci commencent alors à regarder du côté des hauts de l’île, notamment en premier lieu sur la Plaine des Cafres et la Plaine de Palmistes. Pour finir, l’implantation toujours plus importante de la canne à sucre sur la côte, pousse les autres cultures à prendre le chemin des hauts. Pour ce faire, il faut déjà dans en premier lieu bien connaître l'endroit. C’est pourquoi une base militaire nommée Saint Agathe fut construite à l’entrée de la Plaine des Palmistes en 1847. Son commandant, le lieutenant Textor de Ravisi a mené à bien un véritable travail de recensement des ressources et de la typologie des plaines avec ses hommes. Dès 1850, fort des résultats de Textor, le Gouverneur Doret fait construire un semblant de route qui reliera les plaines entre-elles depuis Saint Benoit. En 1851, le 4 novembre, est publié un arrêté qui lance la colonisation des plaines, sous forme de cession de concession à qui veut s’y installer, sous certaines conditions, comme celle de cultiver des choses en correspondance avec le terrain qui leur est offert. La campagne aura un grand succès auprès des petits propriétaires de la côte, mais aucun auprès des affranchis qui boudent le projet. Mais suivi de ce rapide engouement, commenceront les déboires : en effet, ces nouveaux colons vont avoir du mal à cultiver sur ces terres parfois difficiles avec un manque de connaissance certain pour l’agriculture de certaines plantes. Cette première colonisation loupée, le gouverneur Hubert Delisle prononce en 1854 la déchéance de 198 concessions. Pourtant certains réussissent remarquablement, mais ces quelques exceptions ont permis à des familles de subvenir à leurs besoins, mais pas à réellement avoir un impact sur l’économie de l’île. En 1864, la colonisation des hauts va reprendre grâce à une crise économique de la canne. Les plaines de Salazie vont être très prisées, et les « petits blancs » vont de plus en plus s’isoler dans des ilets parfois inaccessibles.