l'Ile Dauphine devient madagascar : de la colonisation à l'independance

 

La tentative des Anglais d'installer au XVIIe siècle des colonies sur la côte sud-ouest est aussi vouée à l'échec. Plusieurs années durant, seuls les Français réussissent à conserver des comptoirs, tel Fort Dauphin fondé en 1643 par Jacques Pronis, voué au ravitaillement des bateaux faisant route vers les Indes.

Madagascar, baptisée " île Dauphine ", fut déclarée propriété française par Louis XIV. Souveraineté théorique sur toute l'île, mais qui en réalité ne concernait que les comptoirs. En 1664, la Compagnie des Indes décide le peuplement de l'île Bourbon. Les comptoirs de Madagascar sont délaissés. En 1674, les derniers colons français quittent Fort Dauphin pour l'île Réunion.

Abandonnée à elle-même, Madagascar devient au XVIIIe un repère de flibustiers et de pirates. Le peuplement de l'île Bourbon et de l'île Maurice rend nécessaire une activité commerciale avec Madagascar. Le commerce est essentiellement orienté vers une demande en riz, boeufs et esclaves, auprès des comptoirs de Tamatave et de Foulpointe.

La fondation de l'État malgache:
Les différents groupes ethniques, se sont sans doute implantés sur leur territoire géographique actuel dès la fin du XVe siècle. Leur organisation politique varie selon les tribus. Ce sont les Merina avec  Ralambo (1575-1610), qui mettent en place une organisation politique structurée. Les Merina sont d'origine asiatique. Ils se sont installés sur le hauts-plateaux, après avoir chassé les Vazimba. Ils forment aujourd'hui le plus important groupe de l'île avec quatre millions d'individus. Le XVIIe siècle est l'ère d'un important développement économique, politique et démographique de l'île. La maîtrise de l'irrigation transforme les marécages en rizières, et permet deux récoltes annuelles de riz. A cette époque, Madagascar prend le nom d' Imerina (pays qu'on voit de loin sous le jour)et les Malgaches celui de Merina.

Au XVIIIe siècle, la succession de Ralambo a divisé le pays en royaumes combattants. Le roi Andrianampoinimerina (le seigneur au cour de l'Imerina), par son autorité et son intelligence, rétablit l'unité Merina. Il transfère la capitale du pays à Antananarivo. Son règne de 1787 à 1810 est le début de l'ère moderne de Madagascar. Il tisse, grâce à des mariages avec des princesses d'autres royaumes, un réseau d'alliances pour étendre ses possessions. La grande île prend l'aspect d'une nation.

La monarchie Merina :
Radama Ier prend le pouvoir en 1810, à la mort de son père, le roi Andrianampoinimerina. Son règne de 1810 à 1828 est considéré comme le début de la création de l'État malgache moderne. Radama Ier conclut en 1817 un traité sur une assistance financière, technique et militaire avec la Grande Bretagne. Il soumet la plupart des peuples de l'île, excepté une partie des Sakalava (ceux qui vivent dans la longue vallée). Le royaume malgache est pratiquement unifié à la mort de Radama Ier. Cette unification guerrière, qui s'apparente à une colonisation, impose un système politique et la domination Merina.

A la mort de Radama Ier en 1828, son épouse Ranavalona Ière lui succède jusqu'en 1861. Elle est présentée comme une reine cruelle et xénophobe envers les vazaha (étrangers). Son portrait est ainsi dépeint, en raison des persécutions envers les missionnaires, et de sa méfiance des étrangers. Elle voulait avant tout protéger, les us et coutumes ancestrales de la société malgache, dont le culte des ancêtres. Seuls quelques étrangers seront épargnés du courroux de la reine, pour l'aide technique qu'ils apportent au royaume, dont Jean Laborde. La fin de son règne est marquée par des exécutions de Malgaches chrétiens ou accusés de sorcellerie.

A sa mort en 1861, c'est son fils Radama II qui lui succède pour deux ans. Adepte d'une politique d'ouverture totale, il est assassiné en 1863
Rasoherina (1863-1868) sa veuve, lui succède. Mais le pouvoir est détenu par Le Premier ministre Rainilaiarivony. Rainilaiarivony épousera les trois reines successives du royaume malgache: Rasoherina (1863-1868), Ranavalona II (1868-1883) et Ranavalona III (1883-1897).

De la colonisation à l'indépendance (1896-1960):
Un personnage important va marquer l'histoire de Madagascar: le Général Gallieni, Nommé gouverneur de la colonie malgache. De 1896 à 1905, il va insuffler à la grande île les prémices de la politique coloniale française.

Il arrive sur l'île le 16 septembre 1896 avec des troupes, pour rétablir l'ordre politique et militaire. L'esclavage, la féodalité et la monarchie sont abolis, la Reine Ranavalona III est exilée. Pour que l'oligarchie Merina rentre dans le rang, il fait fusiller des ministres du gouvernement.
Gallieni rétablit l'ordre sur l'île en 1899, avec la soumission des peuples indépendants du Sud et de l'Ouest, malgré quelques soulèvements sporadiques vers 1905, 1915, 1917. Cette domination étrangère va insuffler aux Malgaches la volonté de l'unification, contre l'occupant. Gallieni orchestre le développement administratif avec un nouveau découpage, médical, avec des personnels soignants malgaches et un système d'assistance médicale gratuite. L'enseignement du français est obligatoire et une Académie malgache est créée en 1902. Les grands travaux routiers et ferrés sont entrepris, ainsi que le développement économique de l'île, sous son mandat.

Le Général Gallieni, de 1905 à 1946, dix-huit gouverneurs succèdent à Gallieni. La forme administrative de Madagascar va évoluer, pour aboutir, à 1946, à un découpage en six grandes provinces, qui vient de changer (pour 22 régions). Le relief de l'île est un obstacle pour le développement rapide des axes de communications. La voie ferrée Tananarive - Tamatave est achevée en 1913, le réseau routier passe de 2 000 à 15 000 km entre 1925 et 1935, les lignes aériennes nationales et internationales sont mises en place à partir de 1936. Dans un même temps, la population malgache double.

Les cultures d'exportations tel le caoutchouc, le raphia, le café (pour 40 %), la vanille et le tabac sont favorisés par l'administration. Les principales ressources géologiques exploitées sont le graphite, le mica et les pierres semi-précieuses. Le volume des échanges commerciaux avec la France représente 77 % des exportations et 74 % des importations vers la fin des années 1930.

Le développement de ces flux économiques, est réalisé en partie avec le travail forcé appelé le service de main-d’œuvre pour les travaux d'intérêt général (SMOTIG), en place dans tout l'empire colonial français jusqu'en 1946.